L’article 50 sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union a été activé ce mardi 29 mars. A quelques semaines du scrutin présidentiel français, l’enjeu européen à une élection nationale n’a jamais été aussi important.
Jérôme Quéré est le président des Jeunes Européens - France. Au lendemain de l’activation de l’article 50 du traité de Lisbonne par le gouvernement britannique, il souligne les difficultés de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. A moins d’un mois du premier tour de la présidentielle en France, il rappelle que certains candidats proposent un avenir similaire pour le pays.
“Le processus de l’article 50 est maintenant lancé. Et en accord avec le souhait des Britanniques, le Royaume-Uni quitte l’Union européenne” a déclaré Theresa May en ouverture de son discours à la chambre des communes hier après-midi. Pour les négociateurs des deux camps, ce sont deux ans d’âpres négociations qui s’annoncent. Avec la Grande-Bretagne, il faut démêler 44 années de construction européenne.
Pour les jeunes britanniques de ma génération, qui se sont prononcés à 75% pour le maintien dans l’Union, c’est le sentiment d’un coup de poker misé sur leur avenir. Pour le Royaume-Uni dans sa globalité, c’est le départ possible de l’Ecosse et l’affaiblissement du pays.
Alors en mars 2017, on se rappelle la terrible campagne du référendum britannique. Les atermoiements de David Cameron pour défendre le projet européen, les fantasmes migratoires et budgétaires des pro-Brexit, la débandade de leur camp suite au scrutin du 23 juin dernier.
Une leçon est à tirer de cette séquence : en 2017, les dirigeants nationaux décident toujours du destin européen des Etats. Alors aux élections présidentielles françaises, gardez à l’esprit qu’en votant pour la France, vous décidez également d’une vision pour l’Europe.
Le président de la République ne changera pas l’Europe seul. Mais sa volonté sera déterminante. Son ambition pour l’Union, c’est vous qui l’appuyez. Prenez donc une minute. Considérez l’impact des différents programmes sur la position française affichée au Conseil européen, la réunion des chefs d’Etats de l’UE, de mai ou juin 2017.
La sortie du Royaume-Uni démontre que les promesses isolationnistes sont suivies d’effets dévastateurs.
60 ans après la signature du traité de Rome, les Français souhaitent majoritairement poursuivre le projet européen. Mais ils rejettent l’Union telle qu’elle est, une structure politique non aboutie, à mi-chemin entre la simple coopération internationale et la démocratie continentale. Dans ce schéma, l’UE ne satisfait que ses opposants.
Avant que l’Union perdre tout soutien populaire, il faut refonder le projet, lui donner une nouvelle base d’action. Votre choix à l’élection présidentielle ne me regarde pas. Mais si vous avez une ambition pour l’Europe, ne l’oubliez pas en glissant un bulletin dans l’urne.
En 2017, le plus important clivage politique français concerne la position des uns et des autres face au projet européen. Deux candidats, Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, proposent à mi-voix de quitter l’UE. Leur schéma, c’est le même que celui de David Cameron en 2016 : limiter la participation de la France au fonctionnement de l’UE. Aller négocier avec nos voisins dérogations et passe-droits pour la France, puis proposer un référendum sur la base de l’accord obtenu - ou non. Résultat, les Français auront le choix entre une Union encore plus incomplète et les sirènes d’un projet nationaliste.
Avant l’élection de Donald Trump aux USA, Michael Moore alertait à raison ses concitoyens sur leur volonté de “brouiller les cartes” pour voir ce qu’il adviendra. “Ne sous-estimez pas la capacité des gens à se conduire comme des anarchistes malicieux lorsqu’ils se retrouvent seuls dans l’isoloir” déclarait-il en juillet dernier. A ceux qui envisagent de voter pour les forces anti-européennes en France, il faut rappeler qu’ils décident une fois pour toute de quitter l’Union européenne.
Face aux forces du départ, il existe deux stratégies. La tactique du “si on partait, ce serait pire”, avec le succès qu’on lui connaît. Ou la proposition d’un contre-projet ambitieux, qui donne à l’Europe les moyens de faire avancer notre société. Le statu-quo n’est pas une solution. Ma génération a soif d’Europe. En 2017, elle doit se rappeler que le scrutin présidentiel français joue avec l’avenir de l’Union.